Compte-rendu : La Cenerentola

En une phrase, mes oreilles ont pris leur pied hier soir à la représentation de La Cenerentola au Théâtre des Champs Elysées (TCE) .

Cette  production a été créée en 2003 pour le TCE dans une mise en scène d’Irina Brook (la fille de Peter Brook) avec déjà à l’époque Vivica Genaux dans le rôle titre. Elle a été rejouée au TCE en 2004 avec cette fois Elina Garança et également à Stockholm l’année dernière avec Malena Ernman. Les différentes vidéos que je vais inclure dans ce billet sont des extraits soit des représentations de 2003 (vidéos de lucarden) soit  des représentations suédoises (vidéos de keikobad63 et Vonna61).

Il y a également une vidéo sur le site du théâtre tirée du spectacle de 2003.

Ouverture du 1er acte –  Stockholm 2009

J’avoue que j’avais acheté mon billet avec l’esprit ouvert car Rossini ne fait pas vraiment partie de mon paysage audio. Comme tout le monde, je connais certains des airs les plus célèbres du Barbier (et j’ai réalisé après coups que je connaissais également certains extraits de La Cenerentola), mais on ne peut pas dire que je maîtrise son œuvre.

Je crois que la soirée d’hier m’a fait reconsidérer la question et je vais creuser un peu le sujet dans les mois qui viennent.

Dès l’ouverture, j’ai été accrochée par la musique interprétée par le Concerto Köln sous la direction de Michael Güttler : nerveux, mais sans précipitation. C’était enlevé, énergique et le chef s’est donné à fond.

Vers la fin du premier acte (Paris – 2003)

Ensuite la mise en scène.

La Cenerentola, c’est l’histoire de Cendrillon légèrement revue. Donc le côté bonne fée et pantoufle de vair a disparu, mais l’œuvre d’origine parle toujours de prince qui veut se marier et de méchantes demi-sœurs.

Irina Brooks transpose l’histoire dans un univers contemporain. Magnifico, le beau-père d’Angelina (Cendrillon) tient un café qui a connu des jours meilleurs. Et Cendrillon est celle qui se tue à la tâche : première levée, dernière couchée pour s’occuper du café, faisant toutes les volontés de ses demi-sœurs. Elle garde pourtant son innocence et son bon cœur, n’hésitant pas à donner une pièce à un mendiant au risque de se faire battre.

Début du 2ème acte (Paris 2003)

Toute la partie qui se déroule dans le café et en fait, tout ce qui concerne « les méchants » est joué un peu comme si on était dans une de ces comédies grinçantes du cinéma italien des années  60 ou 70. Mais tout au long de l’œuvre, on aura aussi des petits gags qui relèvent plutôt de la commedia dell’arte ou du slapstick. Il y a enfin le comique de situation et les quiproquo engendrés par l’interversion des rôles entre le prince et son valet, le prince voulant voir par lui-même qui il va épouser (et cette fois, on lorgne du côté de Marivaux).

Le palais du prince, c’est un loft ultra design avec des sculptures modernes (une chaussure géante et un aspirateur de taille plus qu’industrielle). Et toute l’action se déroulera ensuite entre ces deux lieux.

Vers la fin du 2ème acte, quand le valet dévoile l’inversion des rôles avec le prince à Magnifico (Paris – 2003)

Les voix enfin. D’abord le chœur, exclusivement masculin. Il formait l’entourage du prince et il sonnait vraiment très bien.

Je crois que je n’ai eu qu’une petite réserve au début pour l’une des deux demi-sœurs (interprétées par Carla Di Censo et Nidia Palacios) qui semblait un peu juste, mais je mettrais ça sur la nécessité de se chauffer. Par la suite, les deux sœurs chantant souvent ensemble, ça ne s’entendait plus (mais on distinguait bien les deux).

Tous les autres étaient très bons, que ce soit Antonio Siragusa, le Prince, Stéphane Degout, son valet ou Pietro Spagnoli, Magnifico le beau-père.

Mais les deux qui ont recueilli le pompon sont Ildebrando D’Arcangelo dans le rôle d’Alidoro, précepteur du Prince et sorte de Deus ex-machina et bien sûr Vivica Genaux, la Cenerentola.

Je la connaissais à travers deux de ses albums, « Arias for Farinelli » et « Pyrotechnics – Vivaldi opera arias » et j’aime beaucoup le timbre de sa voix, un peu voilée, ce qui la rend peut-être plus ambiguë particulièrement sur les notes les plus graves. Chez elle aussi, le début du spectacle a été un peu difficile. Elle semblait manqué de souffle/puissance sur certains passages un peu plus virtuoses, mais c’est vite passé et ce fut ensuite un véritable enchantement.

le grand final  avec l’air Nacqui all’affanno (Stockholm 2009) que j’avais effectivement en disque, chanté par la Callas  et également E. Garança

Hier soir, en rentrant, j’ai tout de suite cherché ces extraits sur Youtube (je savais que la version suédoise avait été filmée) et j’ai très vite réalisé, à chaud, que je préférais l’interprétation de Genaux à celle d’Ernman.

En conclusion, un spectacle qui m’a donné la banane et que je reverrais avec plaisir dans cette mise en scène s’il est à nouveau programmé une prochaine saison. Le reste du public devait être d’accord car les applaudissements étaient nourris à la fin de chaque tableau et il y eut également plusieurs rappels.

En fait, j’irai même jusqu’à vous le recommander si vous pouvez voir cette mise en scène avec une distribution intéressante.

J’allais oublier : l’opéra sera retransmis sur France Musique le samedi 20 février prochain à 19 heures.

That’s all, Folks !

PS : dans un tout autre registre, je commence à douter de ma messagerie. Donc si vous n’avez pas eu de mes nouvelles alors que je devais répondre ou envoyer quelque chose (ça, c’est pour ma bêta : je t’ai envoyé qq chose, Doc !), mettez-moi un mot que je vous le renvoie)

4 réflexions sur « Compte-rendu : La Cenerentola »

  1. Bon, si ça sert à faire aimer une oeuvre qui le mérite mille fois, c’est déjà très bien… Pour le reste, je ne suis pas trop d’accord: les gags ajoutés, ça relève quand même plus du gros boulevard que de la commedia, et l’orchestre était bien pénible…
    Mais quand même, j’aimerais bien avoir la vidéo avec Malena Ernman…

  2. hi Styx, Ms. Genaux’ performance back in 2003 was also taped for dvd release (which i have). there’s a playlist i put together on youtube of that performance:

    I also like her interpretation and singing better that both Garanca’s and Malena Ernman’s in that same production set. I saw her as Cenerentola in a concert performance in Washington D.C. this past May and she was also amazing

  3. Hello An and thank you for the link.

    I really liked V. Genaux’ interpretation (better than M. Ernman). I just bought the new DVD of La Cenerentola with E. Garanča in a different staging, recorded at the Met last year (Deutsche Grammophon DVD). I must find the time to see it now. 😀

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